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GUO Zhenzhen

L¡¯id¨¦e de Nature et le d¨¦veloppement de la rationalit¨¦ en Occident et en Chine.

Publi¨¦ le 18 juin 2014 Mis ¨¤ jour le 9 octobre 2014

Th¨¨se en Philosophie - Etude des syst¨¨mes soutenue le 4 juin 2014.

La th¨¨se cherche ¨¤ montrer, d¡¯un point de vue ¨¦pist¨¦mologique, les diff¨¦rences des deux types de rationalit¨¦, qui se sont d¨¦velopp¨¦es s¨¦par¨¦ment dans la culture grecque et dans la Chine antique (en particulier durant la p¨¦riode des Printemps et des Automnes et celle des Royaumes Combattants).
Une manifestation importante de ces diff¨¦rences est le fait que les deux types de rationalit¨¦, d¨¨s leur origine, ne partagent pas la m¨ºme conception de la nature. Le premier chapitre explique la formation du concept de ?nature? dans la culture grecque et le sens original du terme ziran×ÔÈ», traduction du mot ?nature? dans la langue chinoise moderne. Nous d¨¦couvrons ainsi que le premier sens du mot ?nature? dans la culture grecque renvoie notamment ¨¤ l¡¯id¨¦e de ?principe?, qui, ¨¤ la fois, contribue ¨¤ l¡¯apparition d¡¯une ?nature? en tant que savoir objectif et oriente par la suite tout le savoir occidental vers la qu¨ºte de la v¨¦rit¨¦. En revanche, le sens original de ziran×ÔÈ» montre que la pens¨¦e chinoise ne consid¨¨re pas la nature comme un monde ind¨¦pendant du monde humain. La relation entre l¡¯homme et la nature n¡¯est pas fond¨¦e sur la distinction sujet-objet. La pens¨¦e chinoise d¨¦veloppe donc une perception du monde essentiellement pragmatique fond¨¦e sur l¡¯exp¨¦rience humaine dans le domaine politico-social.
Les chapitres 2 et 3 s¡¯efforcent de discuter l¡¯¨¦volution de l¡¯id¨¦e de transcendance dans les deux cultures. La mythologie grecque, par sa structure tr¨¨s organis¨¦e, semble d¨¦j¨¤ favorable ¨¤ la naissance de la science : d¡¯un c?t¨¦, elle donne ¨¤ la nature un aspect transcendant; de l¡¯autre, elle permet plus facilement le passage de l¡¯id¨¦e de divinit¨¦ ¨¤ celle de loi. En Chine antique au contraire, une mythologie de la nature beaucoup moins d¨¦velopp¨¦e est tr¨¨s vite remplac¨¦e par une interpr¨¦tation politico-sociale du monde humain. En cons¨¦quence, les principes sur lesquels s¡¯appuie la pens¨¦e chinoise sont plut?t des principes moraux, et m¨ºme l¡¯interpr¨¦tation du monde objectif d¨¦pend des affaires humaines.

Le reste du travail consiste ¨¤ expliciter les particularit¨¦s de chaque type de rationalit¨¦.
Les chapitres 4 et 5 concernent la notion de temps. Malgr¨¦ les multiples concepts de temps existant dans la pens¨¦e grecque, c¡¯est l¡¯id¨¦e d¡¯un temps mesurable qui va triompher et s¡¯appliquer ensuite ¨¤ la recherche physique. Cependant, dans la pens¨¦e chinoise, le temps ne se pr¨¦sente jamais que comme une suite d¡¯¨¦v¨¦nements concrets ou comme une s¨¦rie d¡¯opportunit¨¦s ou d¡¯occasions d¡¯accomplir un acte.

Le chapitre 6 est consacr¨¦ ¨¤ l¡¯¨¦volution des math¨¦matiques dans les deux cultures. Les math¨¦matiques grecques, repr¨¦sent¨¦es par la g¨¦om¨¦trie euclidienne, se pr¨¦sentent comme un syst¨¨me hypoth¨¦tico-d¨¦ductif, caract¨¦ris¨¦ par la d¨¦monstration. Les math¨¦matiques chinoises traditionnelles, dont l¡¯organisation conceptuelle n¡¯a rien d¡¯architectonique, sont d¡¯abord destin¨¦es ¨¤ r¨¦soudre des probl¨¨mes concrets et semblent donc de type algorithmique ou proc¨¦dural. En t¨¦moignent notamment les diff¨¦rentes interpr¨¦tations du nombre dans les deux cultures.
Les deux derniers chapitres sont une analyse de la logique et du raisonnement dans les deux cultures. En Gr¨¨ce, la logique aristot¨¦licienne, qui demeurera pratiquement inchang¨¦e jusqu¡¯au XIXe si¨¨cle, introduit des cat¨¦gories de la pens¨¦e et parvient ¨¤ d¨¦composer les propositions du discours, ¨¤ en ¨¦tudier la structure et ¨¤ classer leurs diff¨¦rents sens. En regard, les penseurs chinois n¡¯ont malheureusement pas r¨¦ussi ¨¤ surmonter l¡¯¨¦tape de l¡¯¨¦tude des sophismes. A la place du raisonnement analytique, la pens¨¦e chinoise applique une logique corr¨¦lative, fond¨¦e sur l¡¯id¨¦e de transformation plut?t que sur la d¨¦duction stricte, sur l¡¯image du cercle plut?t que sur celle de la ligne, et enfin, sur l¡¯exp¨¦rience inductive personnelle plut?t que sur un formalisme objectif
Mots-Cl¨¦s :  Gr¨¨ce, Chine, nature, rationalit¨¦, science, logique, math¨¦matiques

Keywords : Greece, China, nature, rationality, science, logic, mathematics

Directeur de th¨¨se : Daniel PARROCHIA

Membres du jury :
Anastasios BRENNER, Professeur, ±«²Ô¾±±¹±ð°ù²õ¾±³Ù¨¦ Paul Val¨¦ry Montpellier III
Robert DAMIEN, Professeur ¨¦m¨¦rite, ±«²Ô¾±±¹±ð°ù²õ¾±³Ù¨¦ Paris X Nanterre
Alain-Marc RIEU, Professeur, ±«²Ô¾±±¹±ð°ù²õ¾±³Ù¨¦ Jean Moulin Lyon 3
Fr¨¦d¨¦ric WANG, Professeur, Institut National des Langues et Civilisations Orientales (INALCO)
Xiaozhen DU, Professeur, ±«²Ô¾±±¹±ð°ù²õ¾±³Ù¨¦ de P¨¦kin
Daniel PARROCHIA, Professeur ¨¦m¨¦rite, ±«²Ô¾±±¹±ð°ù²õ¾±³Ù¨¦ Jean Moulin Lyon 3

Pr¨¦sident du jury : Robert DAMIEN

Mention : Tr¨¨s honorable avec les f¨¦licitations

Equipe d'accueil : IRPHIL